Tout a commencé il y a une saison vulcanienne. Les autres n'ont toujours rien remarqué. Nous les vulcains sommes supérieurement intelligents.
Mais suis-je vulcain ? Il y a une saison alors que je me lavais, le sommet pointu de mon oreille s'est détaché... terrorisé je l'ai tout de suite remis... et depuis je fais attention à ne plus y toucher. Que diraient les autres s'ils savaient ? Me prendraient-ils pour un traître ? M'exécuteraient-ils ?
Je ne dois pas laisser ma composante humaine prendre le dessus ! Soyons LOGIQUE ! Puisque j'ai tous mes souvenirs, la planète Vulcain, mon passé, mon père vulcain, ma mère humaine, mon recrutement sur l'Enterprise, mon premier embarquement sur ce vaisseau... où en étais-je ? ... Argh ! ... Je n'arrive plus à réfléchir ! ... Bien, tous ces souvenirs m'ont-ils été implantés ?
Non ! Car si je n'étais pas vulcain, je ne ferais pas ces si brillantes déductions que l'équipage admire tant. Elles me viennent si naturellement dans les moments critiques. Alors pourquoi est-ce que je n'arrive pas à réfléchir par moi-même ?
Le pire c'est cette impression de déjà-vu. Parfois, je suis persuadé de vivre la même scène une dizaine de fois... Au début je voulais leur en parler; mon ami, le capitaine Kirk a rétorqué "et oui, ce sont les exigences du métier". Je n'ai jamais compris ce qu'il avait voulu dire alors. Mais je n'ai pas insisté. J'ai bien fait car ils me croiraient fou.
J'ai bien peur de devenir paranoïaque. Quand le vaisseau se fait attaquer je ne ressens pas les chocs. Alors que tout le monde perd l'équilibre, moi je fais exprès de tomber pour qu'ils ne le remarquent pas. Pourtant les tableaux de bord sont formels nous subissons des tremblements.Alors pourquoi les objets qui traînent ne bougent-ils pas, eux ?
La physique est-elle moins logique que moi ? Le stade suivant, ça a été la lumière. Je ne sais pas quand elle est venue, j'en ai pris conscience progressivement. Les autres ne semblent pas la voir. Pourtant... ne regardent-ils pas trop souvent dans sa direction pour ne pas me cacher quelque chose ? Toujours est-il que je n'ose plus la regarder en face...
L'univers perd son sens ! Une fois, nous nous sommes télétransportés, le capitaine, le Dr Mc Coy, et moi sur une planète dotée d'une jungle, à l'entrée d'une grotte. Pendant qu'ils l'ont explorée, j'ai observé les environs. Le ciel était étonnamment fixe et semblait bizarrement proche. J'ai aussi examiné certains rochers : ils étaient en carton ! Cette substance qu'on ne fabrique plus depuis des siècles... Pourquoi ? Comment est-il arrivé ici ? La planète n'était habitée que par des bêtes sauvages. Des guêpes ? Impossible ! J'ai soulevé un rocher et il était creux, et inhabité. Et en plus il y avait quelque chose d'écrit dessus. 'Made in Taiwan' Je ne me souviens pas avoir appris le vieil Anglais, mais j'ai su traduire immédiatement.
Et mon phaser ! Mc Coy a récemment sauvé le capitaine en tuant un animal qu'il n'avait pas remarqué (malgré tout le bruit que celui-ci faisait !). Mais il a très mal visé : je me souviens il a tiré à trente degrés du monstre... qui cependant s'est effondré. Logiquement c'était l'arme qui était défectueuse. Alors de retour au vaisseau j'ai voulu la réparer. Me croirez vous, c'était du plastique ! Rien dedans n'était fonctionnel.
Et ma tenue ! Hautement protectrice soit disant ! Je l'ai analysée : du polyamide et de l'acrylique... archaïque oui ! Celà s'enflamme comme un rien. Dans ce cas pourquoi portons nous des combinaisons si ridicules ?
Je redoute que les tableaux de la salle de commande, les portes, les réacteurs, tout ne soit ou ne devienne factice. Mais à chaque fois que l'action est retombée, comme en ce moment où je suis en train de réfléchir et que j'ai le temps de m'intéresser à ce problème, pour demontrer son existence à l'équipage, c'est toujours la même chose; nous sommes dans la salle de commande, le capitaine fait un bon mot, je crois entendre une musique... et la fameuse lumière s'éteint... et après je ne me souviens jamais de rien. Regardez l'équipage rit, n'entendez-vous pas cette musique...
"Coupez les gars, la prise de vue est bonne on la garde".